Un champignon peut en cacher d’autres : à propos d’une mutation gain de fonction STAT1 - 18/06/23
Résumé |
Introduction |
Les mutations gain de fonction STAT1 (STAT1-GOF) font partie des déficits immunitaires rares prédisposant principalement aux infections fongiques. Le diagnostic est porté par le séquençage du gène STAT1. Nous rapportons le cas d’un patient diagnostiqué tardivement dans les suites d’une infection invasive à Cryptococcus spp malgré un tableau évocateur de candidose cutanéomuqueuse chronique (CCMC) évoluant depuis l’enfance.
Un homme de 35 ans est adressé en consultation de médecine interne pour suspicion de déficit immunitaire dans les suites d’une infection invasive à cryptocoque associant une méningite et des adénopathies mésentériques, survenue à l’âge de 25 ans. Le bilan de déficit immunitaire de première intention comprenant une numération formule sanguine (NFS), électrophorèse des protéines plasmatiques (EPP), dosage pondéral des immunoglobulines, dosage des sous-populations lymphocytaires (T-B-NK), sérologie VIH et sérologies post-vaccinales (tétanos) est normal. Le scanner thoraco-abdomino-pelvien met en évidence des dilatations des bronches ainsi qu’une rate de 14cm. En consultation de médecine interne, une reprise policière de ses antécédents à l’aide du carnet de santé objective des épisodes d’onychomycose et de mycose buccale à l’âge de 6 ans, un muguet buccal à l’âge de 7 ans, un nouvel épisode de muguet buccal associé à une onychomycose à l’âge de 11 ans. À l’âge adulte, il rapporte la nécessité de traitement de candidoses buccales à répétition (tous les 6 mois). On note en outre une rougeole à l’âge de 10 mois, plusieurs poussées de verrues palmaires, un épisode de zona, plusieurs infections ORL et bronchopulmonaires, non documentées, justifiant des antibiothérapies successives en période hivernale. Le patient rapporte une « sensibilité aux infections cutanées » avec notamment la prise en charge d’un kyste infectieux du coude, d’un abcès fessier. Les explorations de seconde intention mettent en évidence une proportion diminuée de lymphocytes T naïfs CD8 (CD8+CD45RA+CCR7+; 15 % [37–50 %]) et CD4 (CD4+CD45RA+CD13+; 19 % [30–48 %]) ainsi qu’une lymphopénie B globale (138/μL [169–271/μL]) associée à une proportion diminuée de lymphocytes B CD27+. Les tests de prolifération lymphocytaires T sont diminués en réponse à la PHA, à la tuberculine ainsi qu’à l’anatoxine tétanique. Le dosage des IgE totales est normal. Du fait de ce tableau de CCMC, après validation en réunion de concertation pluridisciplinaire, un séquençage du gène STAT1 est réalisé : il permet la mise en évidence d’une mutation c.877 (C>T) (p.P293S) soit une mutation gain de fonction hétérozygote dans le gène STAT1 (STAT1-GOF). Il est alors introduit une prophylaxie anti-infectieuse par Bactrim 800mg/j et Triflucan 200mg/j.
Nous rapportons ici un cas de mutation STAT1-GOF diagnostiqué tardivement suite à une infection invasive à cryptocoque, malgré un tableau de CCMC évocateur évoluant depuis la petite enfance. La CCMC est caractérisée par une des épisodes récurrents ou persistante d’infection à Candida spp. des ongles, de la peau et des muqueuses orales ou. Ce tableau clinique est présent dans plusieurs cadres déficits immunitaires primitifs (DIP) dues à des mutations innées de l’immunité comme les mutations des gènes STAT3, RORγT, ZNF341 ou AIRE. En 2011, le séquençage de l’ensemble du génome a permis d’identifier des mutations STAT1 germinales comme étant une étiologie génétique de la CCMC, chez des patients atteints d’hypothyroïdie. Ces mutations STAT1 sont des mutations gain de fonction (GOF) dues à l’hyperphosphorylation de STAT1 à Y701 en réponse à la stimulation par les IFN de type I et II, et l’IL-27. Il semblerait que ces mutations STAT1-GOF permettraient d’expliquer plus de la moitié des cas de CCMC à début pédiatrique. Elles prédisposent également à des infections plus fongiques plus sévères (cryptocoque), voire bactériennes, virales ou mycobactériennes.
Conclusion |
Nous décrivons un cas d’infection invasive à cryptocoque à bilan étiologique minimal normal. La reprise de l’interrogatoire permet de mettre en évidence un tableau clinique de CCMC de début pédiatrique. De ce fait, la recherche de mutation STAT1-GOF, mise en évidence par la suite, devient l’étiologie la plus probable de ce tableau de DIP.
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Vol 44 - N° S1
P. A218 - juin 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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